Je sors un peu de ce que je fais d’habitude avec cette chronique; je vais vous parler du hockey au Québec et de nos jeunes.

Est-ce que le hockey fait assez pour intéresser un plus grand nombre de jeunes? Les jeunes d’aujourd’hui qui ont un éventail assez grand d’activités? Ils ont le choix! Le hockey est agréable à regarder pour eux, les joueurs sont encore admirés, mais les jeunes se voient de moins en moins chausser des patins et jouer des matchs.

Martin McGuire

Je tiens avant tout à préciser que je n’écris pas ce texte en ayant la prétention de juger tout ce qui se passe dans nos arénas, car il s’en passe de belles choses!  C’est simplement ma passion du hockey qui me fait parler comme ça. Je ne veux pas dire aux associations de hockey mineur quoi faire, juste leur faire réaliser qu’on peut faire de petites choses pour changer la tendance.

Alors… Je suis dans ma 23e année de couverture hockey, avec la Ligue nationale et la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Je passe une grande partie de ma vie dans les arénas depuis que je suis enfant. Je n’étais pas un joueur de haute compétition, mais j’ai toujours adoré le hockey. Et c’est ce qui fait que j’adore mon métier, c’est la passion qui me drive.

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Ces dernières années, on dit que notre sport perd de la vitesse sur le plan participatif et dans l’élite. C’est une tendance malheureuse et réelle. C’est aussi paradoxal. Le lieu d’entraînement du Canadien, à Brossard, est ouvert au public. J’y croise beaucoup de partisans, jeunes et adultes. J’y vois un public plus large, qui n’a pas nécessairement les moyens d’aller voir jouer le Canadien au Centre Bell. En tout cas, ce que je remarque est que la popularité du CH est croissante, alors que le sport sur le plan participatif, baisse. Je vous le dis, c’est paradoxal!

Est-ce que le hockey fait assez pour intéresser un plus grand nombre de jeunes? Les jeunes d’aujourd’hui qui ont un éventail assez grand d’activités? Ils ont le choix! Le hockey est agréable à regarder pour eux, les joueurs sont encore admirés, mais les jeunes se voient de moins en moins chausser des patins et jouer des matchs.

La réalité des parents québécois est telle que le hockey est un choix de famille, pas juste celui du jeune. Malheureusement, c’est un choix qu’une famille au complet doit assumer, car la structure de notre hockey impose aux parents une gymnastique assez impressionnante pour les déplacements, les pratiques, les jours de match…

Les distances sont grandes à parcourir, car on a trop sous-catégorisé les groupes d’âges. On a maintenant sept catégories différentes de calibre dans chaque classe, ce qui est un non-sens. Les parents qui pensent que leur jeune évolue dans un milieu de compétition, eh bien non; cette multiplication des équipes rend cette compétition artificielle et ne prépare pas à jouer dans la LHJMQ.

Au-delà de 95% de nos jeunes se serviront du hockey comme d’un outil pour grandir et devenir des citoyens à part entière, qui évolueront dans des milieux complètement différents du hockey. La structure actuelle est faite pour faire grandir le bassin de joueurs élites, alors qu’on devrait viser à agrandir le bassin de participants.

La réalité économique d’aujourd’hui n’aide pas non plus. Les parents se battent contre la montre pour aller chercher les enfants, qui passent de plus en plus d’heures à l’école. Cela amène souvent à l’abandon du sport. Si on avait une approche plus participative, on réduirait les contraintes pour les parents, on rendrait le sport plus accessible, surtout financièrement.

L’industrie du ski a mis en place des structures pour que les familles puissent changer les équipements d’une saison à l’autre à des coûts beaucoup moindres. Ça existe au hockey, mais ce n’est pas assez répandu, donc on n’arrive pas à rejoindre une base. Cette base passionnée qui vient voir le Canadien pratiquer à Brossard, ou qui fait la file au Centre Bell pour avoir la chance de voir le CH une fois par année lors de l’entraînement public. Ils n’ont pas tous la chance de pratiquer ce sport.

Avec son programme de patinoires communautaires, le CH favorise une couche sociale qui n’a pas accès au hockey civil et encore moins au hockey de compétition. Ces petits milieux créés par des enfants autour d’une patinoire offerte gratuitement, avec des patins offerts aussi gracieusement grâce à un programme généreux, ont permis aux enfants de se familiariser avec notre sport national.

L’ancien directeur général Pierre Boivin, responsable de la Fondation du CH et du programme des patinoires extérieures, a déclaré que son plus grand rêve serait qu’un jeune homme ou une jeune fille issu(e) d’un milieu défavorisé atteigne les plus hauts sommets grâce à cet accès communautaire.

Il est souhaitable que les bénévoles des associations de hockey mineur puissent travailler à faire évoluer davantage la base participative, ce qui aura pour effet inévitable d’augmenter le nombre de joueurs élites au Québec.  N’est-il pas vrai que dans les pays d’Amérique du Sud, notamment, on arrive encore à trouver, parmi les millions de jeunes qui pratiquent le soccer, de grandes vedettes, qui arrivent à atteindre les plus hauts sommets du ballon rond?

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Martin McGuire