Un père de famille gaspésien lance un cri du cœur au ministre de l’Éducation du Québec en le pressant de ne pas mettre fin aux classes de formation à l’intégration.

En effet, monsieur Aurélien Bisson, un citoyen de la Ville de Bonaventure, dans la Baie-des-Chaleurs, a acheminé une lettre au ministre  Sébastien Proulx qui est aussi ministre régional pour la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.

Monsieur Bisson présente le problème ainsi : « Aujourd’hui, Grégoire fréquente la classe de formation à l’intégration sociale (FIS) de l’éducation des adultes à raison de deux jours par semaine, et cela, d’octobre à mai. La fréquentation de cette classe ne le rendra pas apte au travail, à moins que ce ne soit dans un milieu très encadré et pour un nombre d’heures restreint. Il participe déjà à un atelier de déchiquetage de documents confidentiels encadré par l’association des personnes handicapées du territoire à raison de trois heures par semaine. Avec son absence de mémoire à court terme, il a le profil idéal pour faire ce travail. Je lui répète constamment que ce travail est essentiel pour la communauté et qu’il est la meilleure personne pour le faire. »

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Rappelons qu’en 1989, les deux garçons de M. Bisson, Gabriel et Grégoire, ont été happés par une voiture alors qu’ils attendaient l’autobus scolaire sur le bord de la route.

Gabriel est décédé, et Grégoire a sombré dans un profond coma dont il est ressorti sept mois plus tard avec d’importantes séquelles sur le plan tant physique que cognitif.

« À 34 ans, son niveau d’autonomie ne lui permet pas de voler de ses propres ailes, les progrès accomplis depuis qu’il a quitté l’hôpital, en 1990, sont gigantesques, analyse Aurélien Bisson qui ajoute que « Grégoire doit une large part de cette évolution à sa scolarisation, qui lui a permis de recouvrer ses acquis, notamment en lecture et en écriture, mais, surtout, qui a grandement favorisé son intégration dans la communauté de Bonaventure. »

En fréquentant cette classe du FIS, Grégoire peut conserver ses acquis, continuer à développer ses habiletés sociales tout en entretenant un lien fort avec la communauté pour avoir une vie.

« Il est malheureusement possible que Grégoire en soit à ses derniers jours de classe, comme plusieurs de ses amis, se désole Aurélien Bisson. Il se peut effectivement qu’à la suite de l’actualisation du programme d’études Services de formation à l’intégration sociale, les personnes qui fréquentent cette classe soient soumises à une évaluation visant à identifier ceux et celles qui pourront faire des acquis scolaires significatifs, voire éventuellement accéder à un emploi. Pour moi, il existe un risque évident qu’à la suite de cette évaluation, Grégoire, comme plusieurs de ses amis, ne puisse plus fréquenter la classe d’intégration sociale de Bonaventure. »

Aurélien Bisson explique que ces personnes vivant avec des handicaps souhaitent leur intégration à leur communauté et « cela passe par la classe d’intégration sociale », convient-il.

« Il est inconcevable de penser que le ministère de l’Éducation resserrera l’accès à cette classe alors qu’il soutient financièrement des écoles juives qui ne respectent pas le régime pédagogique (« Des années de laxisme », La Presse, 1er mai 2016) et qui ne démontrent pas de véritable intérêt à s’intégrer à la communauté québécoise », dit aussi le parent gaspésien.

« Monsieur le Ministre, mon fils ainsi que ses confrères et consœurs de classe comptent sur vous. Ils espèrent que vous leur permettrez de poursuivre leur démarche d’intégration sociale. Donnez-leur cette chance », dit en conclusion Aurélien Bisson.