Jeudi le 11 juin à 19 h, s’est tenue une réunion informelle au Centre Colombien de Gaspé. Les 25 personnes présentes sont des « amis du Fort Prével » qui voulaient partager sur l’avenir du Fort en question. J’étais de la partie en tant que citoyen concerné et aussi en tant qu’historien. Le Fort Prével situé au bout de la péninsule gaspésienne, à mi-chemin entre Gaspé et Percé, est, entre autres, un site fabuleux mais trop peu connu de la Bataille du St-Laurent, de la 2e guerre mondiale. Il est cependant bien connu pour son golf et sa table. Le Fort comme on dit chez-nous, c’est aussi 32 emplois. Ce qui n’est pas rien pour les gens du coin.

J’ai pu écouter pendant près de 2 heures les discussions sur le passé, le présent et l’avenir du Fort Prével. La situation ne semble pas rose et j’ai cru comprendre que graduellement, la SÉPAQ délaisse ce site et peut-être aussi plusieurs autres comme celui de l’Ile d’Anticosti. Pourtant sur le site Web de la SÉPAQ, il est écrit que sa mission « est de préserver les patrimoines naturel et culturel […] pour le bénéfice des générations futures ».  De plus, selon la philosophie de gestion de la SÉPAQ : «  les parcs sont des territoires publics gérés pour la population, la SÉPAQ favorise la participation des intervenants régionaux à la réalisation de la mission des parcs et s’assure que les actions prises sont en harmonie avec la vision régionale ».

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Tout ça, c’est bien beau mais ce n’est pas ce que j’ai entendu jeudi soir, le 11 juin. En fait, ce que j’ai compris allait plutôt dans le sens contraire. Après deux heures d’écoute, l’Allégorie de la grenouille ébouillantée m’est revenue à l’esprit. Qu’est-ce que cette Allégorie? Et bien, selon la légende, si vous jetez une grenouille dans un chaudron d’eau bouillante, elle s’échappera d’un bond. Au contraire, si vous la mettez dans l’eau froide et que vous allumez un feu sous le chaudron, la grenouille restera dans l’eau, tant et si bien qu’après un certain temps, elle mourra ébouillantée.

Morale de cette histoire?

Si graduellement mais de façon continue, on nous prive de quelque chose, on finira par l’accepter, par accepter (…) comme la grenouille.

À la SÉPAQ, notamment à Fort Prével, c’est ce qui semble se dessiner. En effet, les services ont graduellement diminué. Alors que dans les années 1980, on recevait plusieurs autobus de visiteurs, et des congressistes, aujourd’hui, c’est devenu un phénomène rare. Les vestiges des fortifications militaires n’ont jamais été mis en valeur. La SÉPAQ a-t-elle vraiment fait la promotion du golf que Stéphane Morin de La Presse compare à Pebble Beach?

Mon oncle Lucien allait jouer au tennis à chaque été dans le temps. Il n’y a plus de terrain de tennis à cet endroit. Selon un témoin présent jeudi soir, les gens de la SÉPAQ estiment que le tennis est passé de mode. J’en parlerai à Eugénie Bouchard. L’hébergement a diminué au point où il n’y en a presque plus. Depuis l’an dernier, la piscine n’est plus en fonction, etc.

Il existe un comité qui vise à sauvegarder Fort Prével. Des citoyens des municipalités de Gaspé et de Percé y siègent. Ce comité se réunira sous peu. Espérons qu’il réussira à sensibiliser la SÉPAQ.

Espérons aussi qu’avec ou sans la SÉPAQ, il pourra construire au lieu de détruire.

C’est à nous tous, Gaspésiens et Gaspésiennes, de prendre notre avenir en main. François-Xavier Ross disait « mêlez-vous de vos affaires mais mêlez-vous en ».

Jean-Marie Thibeault, historien

et citoyen de St-Georges-de-Malbaie (Percé)

15 juin 2015