Quatre nouvelles propriétés seront protégées par Conservation de la nature Canada (CNC) dans la partie nord du barachois de Malbaie et le long de la rivière Malbaie, à Bridgeville et Barachois.

Les soixante hectares supplémentaires d’habitats sensibles permettront notamment de consolider la protection d’une des plus importantes haltes migratoires de la péninsule gaspésienne. On estime qu’environ 200 espèces d’oiseaux fréquentent le barachois de Malbaie, dont plusieurs au statut précaire, comme le pygargue à tête blanche, le faucon pèlerin et le râle jaune, cette dernière étant une espèce menacée.

Il y a différents milieux spécifiques au barachois qu’on ne retrouve pas ailleurs et que les espèces menacées recherchent

Camille Bolduc, chargée de projets chez CNC

« On la retrouve vraiment très peu au Québec et il y a un couple qui niche ici alors on est vraiment chanceux de l’avoir sur des terrains qu’on protège. On vient s’assurer de limiter les perturbations qui auraient pu avoir dans le futur », explique Camille Bolduc, la chargée de projets pour la Gaspésie chez CNC.

Pérenniser les opérations

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Les précédents propriétaires des terrains ont cédé en partie ou en totalité leur bien à l’organisation environnementale qui s’efforcera maintenant de préserver à long terme ces importants écosystèmes. Pour ce faire, elle s’engage à une série de mesures concrètes en s’assurant par exemple qu’aucune construction ne se fasse sur les propriétés, qu’aucune coupe de bois n’aura lieu ou qu’aucune infrastructure ne vienne nuire au milieu naturel. Selon l’utilisation qui était déjà faite des terrains, des droits d’accès ou encore la poursuite des activités de chasse pourra toujours avoir lieu, le tout étant évalué selon le cas.

Au total, CNC a investi 180 000 $ pour l’acquisition des terrains, les frais associés aux transactions et les ressources engagées dans le processus, mais surtout pour la constitution d’un fonds de gestion pour assurer la mission dans les années à venir.

À noter que les propriétés nouvellement conservées sont toutes situées à proximité d’aires déjà protégées par Conservation de la nature Canada, et sont majoritairement couvertes de forêts et de milieux humides d’une grande intégrité. Leur acquisition permet de consolider plus de 470 hectares protégés.

« Nous sommes heureux de contribuer à accroître la protection d’un des plus importants barachois de la côte gaspésienne, de surcroît le plus vaste et le mieux préservé, et d’une des rivières essentielles au maintien des populations de saumons atlantiques […] Il y a différents milieux spécifiques au barachois qu’on ne retrouve pas ailleurs et que les espèces menacées recherchent », ajoute Camille Bolduc.

En détails

S’étalant sur 10 kilomètres carrés, le barachois de Malbaie est l’une des plus grandes lagunes naturelles toujours intactes au Québec. Reconnu mondialement pour sa richesse écologique, il compte une diversité exceptionnelle d’habitats naturels uniques : marais salés, marais d’eau douce, barrières de sable, forêts, lagunes et tourbières.

Les marais et les eaux calmes de la lagune constituent une aire de repos et d’alimentation pour nombre d’oiseaux migrateurs, tels que la bernache du Canada et le canard noir. Le barachois de Malbaie est également l’une des plus importantes haltes migratoires de la péninsule gaspésienne, reconnu pour ses rassemblements de sauvagines et la présence d’espèces en situation précaire comme le râle jaune et le bruant de Nelson.

Ses marais salés littoraux représentent aussi l’habitat estival du bar rayé, de l’anguille d’Amérique et du saumon de l’Atlantique qui utilisent ces milieux comme aire d’alimentation et de repos suite à leur séjour en mer.

De son côté, la rivière Malbaie est un lieu de reproduction pour le saumon de l’Atlantique, une espèce considérée préoccupante au Canada. Les nombreuses fosses à saumon qu’offre la rivière permettent aussi au poisson de se protéger des prédateurs et de s’y reposer avant son retour en mer. La rivière Malbaie et ses habitats riverains constituent un lien essentiel entre les forêts continentales des Appalaches et les habitats côtiers situés au bout de la péninsule gaspésienne.

Depuis plus de 50 ans, Conservation de la nature Canada a protégé environ 400 km2 dans tout le Québec, soit grosse modo l’équivalent de la superficie de l’Île-du-Prince-Édouard.