La problématique de la survie de l’église de Port-Daniel-Gascons, en Gaspésie, a mis en lumière une question plus profonde, le non-paiement de la dîme par les paroissiens.

Autrefois, la dîme devait être payée lors de la visite annuelle du curé de la paroisse, habituellement lors de sa tournée automnale. Mais depuis de nombreuses décennies, les visites se sont espacées en raison surtout de la diminution du nombre des serviteurs de Dieu.

Cette problématique n’échappe pas au diocèse de Gaspé. « Autrefois, la dîme était payée par les familles lors de la visite paroissiale annuelle du curé, observe Monseigneur Jean Gagnon. C’était un peu gênant de ne pas la payer, surtout quand le curé passait par les maisons.

Aujourd’hui, c’est un peu différent. On voit dans les villes et villages, les gens partir et de nouveaux arrivants s’y installer, de sorte que le visage des paroisses change constamment.

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Le prélat fait cette analyse : « Aujourd’hui, d’une paroisse à l’autre, bien souvent les marguilliers sont un peu gênés. Ils ne rencontrent pas les gens, chez eux. Ils envoient des lettres ou encore de petits messages. Ça fonctionne plus ou moins. C’est un problème d’organisation. Tu sais, il y a des gens qui sont prêts à payer leur dîme, il suffit de leur demander… ou encore d’aller les voir. »

Très variable

Dans la région gaspésienne, Mgr Jean Gagnon indique que le paiement de la dîme est très variable d’une paroisse à une autre. « Dans certaines paroisses, ce paiement peut aller jusqu’à 75 % et même 80 % alors que dans d’autres, ça peut baisser jusqu’à moins 20 %. Mais encore là, tout dépend de l’organisation locale et du leadership (des gens en place) pour aller recueillir cette contribution des paroissiens à leur église. »

À Port-Daniel-Gascons, par exemple, le problème de la dîme est tout à fait criant. D’ailleurs, le nouveau Comité de financement pour voir à la pérennité de l’église de la paroisse se penchera sur ce dossier où moins de 20 % des paroissiens paient une somme de moins de 60 $ annuellement.

Des formules qui marchent

L’évêque du diocèse de Gaspé évoque plusieurs façons pour les Fabriques de recueillir la dîme annuelle auprès des catholiques. Plusieurs paroisses utilisent la poste pour envoyer une lettre dans les familles leur demandant de ne pas oublier ce paiement. Dans d’autres paroisses, la Fabrique achemine une lettre indiquant qu’un marguillier se présentera à la maison pour recueillir l’obole annuelle. Cette dernière façon de faire est beaucoup plus efficace alors que les marguilliers ont un taux de réponse dépassant bien souvent 60 %, explique Jean Gagnon.

Ce dernier parle de plus en plus la formule de dépôt direct. « Par exemple, les gens s’engagent à donner à leur église, disons 20 $ par mois, qui est retiré de leur compte à la Caisse populaire. Et, à la fin de l’année, la Fabrique émet le reçu d’impôt pour un don de charité. Il y a quelques paroisses dans le diocèse qui commencent à s’organiser de cette façon. Ce faisant, cela donne à la Fabrique un revenu stable chaque année. »

L’idée d’acheminer le montant de la dîme à même la facture du compte de taxes acheminé par la municipalité a aussi été évoquée.

Mais cette idée ne semble pas plaire à Mgr Gagnon. « Je ne crois pas que la loi le permet. Il faudrait que ce soit un compte différent complètement indépendant des taxes d’une municipalité. »

Pas une obligation

Les citoyens d’une paroisse catholique ne sont pas obligés de payer leur dîme. « Moralement, ils devraient la payer… mais, si quelqu’un ne la paie pas, je ne peux pas envoyer la police ou un huissier chez lui. Autrement dit, c’est une contribution volontaire et non une contribution légale. »

Optimiste, l’évêque dit que ce sont des problèmes qui peuvent être résolus assez facilement. « Ce que je dis dans le diocèse depuis quelques années, c’est que les problèmes d’argent sont souvent secondaires. S’il y a un bon leadership et si la population est prête à suivre, c’est très rare qu’on ne règle pas ce problème. »

Pour mémoire, rappelons qu’une seule paroisse a été fermée dans le diocèse depuis longtemps en raison de la disparition d’une église, soit celle de Saint-Edgar, près de New Richmond. « Les paroissiens, eux-mêmes, ont constaté que c’était beaucoup plus simple pour eux, dans les circonstances, de se joindre à New Richmond que de rebâtir une église dont le toit menaçait de s’effondrer. C’est le Conseil de fabrique et les gens qui ont décidé.»

Mais « à Port-Daniel, qui est une grosse paroisse centrale, et avec la cimenterie qui s’installe, c’est un village qui va progresser nécessairement. Je crois que les gens se prendront en main », conclut Monseigneur Jean Gagnon, évêque du diocèse de Gaspé.

Est-ce une obligation de payer la dîme ? Des églises affirment que oui, il faut payer au moins 10 % de ce qu’on gagne. La dîme était la part de l’église pour payer l’ensemble des serviteurs de Dieu. Dans le Nouveau Testament, il n’est pas fait mention d’une « obligation légale » de payer la dîme.