TC Media s’est entretenu ce matin avec Sébastien Proulx, ministre responsable de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine et nouvellement ministre de l’Éducation, à propos de différents enjeux locaux ainsi que sur sa vision de l’éducation. Compte-rendu.

 

Tout d’abord, vous êtes député de Jean-Talon, ministre de la Famille, ministre de l’Éducation ainsi que ministre responsable de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. N’est-ce pas trop pour un seul homme? Les Gaspésiens ne risquent-ils pas d’y perdre au change?

Sincèrement, je vais être en mesure de faire le travail qui est le mien pour la région parce que tout d’abord, on est bien organisé et on a une bonne équipe. Également, je suis dans la situation où mon travail comme ministre responsable de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, c’est celui d’intermédiaire avec les intervenants, autant locaux, politiques qu’administratifs, dans les différents ministères. Je dois m’assurer qu’à chaque fois qu’un dossier doit cheminer, le tout se fasse le plus rapidement possible, en accord avec les préoccupations du milieu et répondant également aux besoins lorsqu’on aura une décision à ramener en Gaspésie […]

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Dans ce contexte-là, c’est un peu ça mon travail, d’œuvrer avec les élus locaux, les députés en place, peu importe la formation politique, et travailler avec les gens aux ministères et les différents cabinets.

Vous avez d’ailleurs eu une rencontre avec le député de Gaspé, Gaétan Lelièvre, le 24 février dernier.

On a eu une bonne rencontre de travail M. Lelièvre et moi, productive. Ce que j’aime faire d’entrée de jeu, c’est d’être capable d’avoir une rencontre où on est capable de faire une mise à niveau des informations. Des fois, les gens ont des perceptions, on a des attentes, on a des informations, mais pas toutes les informations, alors c’est l’occasion d’échanger sur différents dossiers et les priorités locales, et voir où on est rendu. Si par la suite on peut faire que les choses évoluent plus rapidement, on le fera.

Quels dossiers prioritaires ont été mis de l’avant?

On a parlé de transports, de Fort-Prével, du train, de la promenade de Percé, de santé. Oui, on a fait le tour de différents dossiers et je sais qu’il y a des choses qui sont en attente. Là, dans les prochains jours, c’est mon travail d’aller voir où ça en est dans les différents ministères et de revenir avec ça auprès des différents élus, dont M. Lelièvre.

On imagine que le dossier d’Exploramer a aussi été discuté?

On en a un peu parlé. Là-dessus moi j’ai des vérifications à faire en ce qui concerne Exploramer. Ce n’est pas un dossier que je connaissais. Il y a beaucoup d’argent déjà qui a été mis là-dedans par le gouvernement du Québec. Mon prédécesseur M. D’Amour avait demandé aux personnes locales de faire des analyses et de trouver différentes pistes de solution. J’aurai l’occasion bien entendu de rencontrer la direction générale dans les prochaines semaines, mais jusqu’à maintenant, je demeure convaincu que si localement on a des pistes de solution à nous présenter, on sera à l’écoute, mais ça va en prendre bien entendu, des solutions.

On ne peut passer outre votre nomination à l’Éducation. Quel sera votre plus gros défi?

La priorité en éducation sera la réussite, c’est très clair. Il faut que chaque enfant qui se présente dans notre milieu scolaire puisse réussir selon ses capacités et soit en mesure de se développer et s’épanouir. Pour moi, ça, c’est essentiel. L’avantage d’être également ministre de la Famille, ce que ce raisonnement on peut le commencer bien avant l’école. Dès la petite enfance, on est capable de réfléchir à ça et être capable de se dire : comment on fait, qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on fait de bien, qu’est-ce qu’on doit faire de mieux pour que chacun des enfants du Québec soit en mesure d’avoir les outils nécessaires pour se développer quand il entrera à l’école?

Il y a beaucoup de choses dans le domaine de l’éducation, il y a les écoles, la proximité, toute l’organisation scolaire, le rôle des commissions scolaires dans tout ça, les élections scolaires qui sont elles-mêmes remises en question avec le projet de Loi 86. Ce sont des sujets qui sont importants et qui sont sous le parapluie de la réussite en ce qui me concerne. Il y a aussi la formation professionnelle qu’il faut valoriser. On est là-dedans et moi j’ai à faire le tour de ces dossiers pour être capable de dire quel sera mon plan de match. Il y a beaucoup de choses sur la table, reste maintenant à dire comment on décline tout ça dans les différentes orientations et les différents programmes du ministère.

À l’Éducation, tout le monde semble un peu avoir son opinion sur la situation. Je lisais récemment une lettre ouverte d’un homme de Matane qui vous suggérait de prendre une semaine de congé de l’Assemblée nationale pour aller faire votre tour dans les écoles secondaires de la province pour avoir le pouls du climat scolaire québécois. Qu’en pensez-vous?

Il a tout à fait raison. Quand on est ministre de l’Éducation, on doit aller faire un tour dans les écoles et ça va être fait. Une des premières choses que j’ai demandé aux gens qui travaillent avec moi, c’est d’identifier rapidement les endroits où je pourrais aller pour rencontrer des étudiants au secondaire, des enfants et des élèves au primaire, mais également des enseignants, des directeurs, des gens qui travaillent dans les services intermédiaires, dans le soutien pédagogique et entendre ce qui se dit et voir l’état des lieux. Vous savez qu’on a dans différentes régions du Québec des problèmes de maintien des infrastructures alors il faut aller voir ça, faire le tour et être capable de voir les problématiques nous-mêmes pour qu’après on soit capable de se dire : voilà, voici ce que j’ai vu d’inacceptable et j’ai l’intention que ça change et on va prendre les dispositions nécessaires

Est-ce que ça vous inquiète de voir que 20% des nouveaux professeurs quittent la profession après 5 ans?

C’est clair qu’il faut trouver une façon de valoriser le rôle qu’ils ont, valoriser l’éducation et l’école. On ne peut pas avoir des gens qui travaillent dans le réseau scolaire qui s’épuisent parce qu’ils ont l’impression que ce qu’ils font ne fait pas la différence. Quand on est un enseignant, on fait une différence. À chaque jour qu’on se présente dans une école, on fait une différence pour un enfant […] Il faut trouver une façon de valoriser l’éducation dans son ensemble. Il n’y a pas de blâme pour personne en particulier, je pense que c’est une tendance qui s’est établie dans notre société parce qu’on a beaucoup parlé d’autre chose, mais il faut revenir à l’essentiel.

Et justement comment peut-on arriver à ce que les enseignants se sentent valorisés?

Il faut leur donner la possibilité d’exprimer leurs talents, être capable de revoir la structure pour qu’elle soit au service de l’élève et avoir le plus de pouvoirs possibles vers l’école. Ça pour moi ça m’apparait important. Mais également que dans la chaîne complète du ministère, jusque dans l’école, on sente vraiment que le service est tourné vers l’élève, la réussite, l’épanouissement, et qu’on ne laisse personne à l’extérieur. Que nos enfants en difficultés puissent également s’intégrer, se développer et acquérir des connaissances pour ensuite être capables de voler de leurs propres ailes. Ce que je dis c’est que si le coffre à outils est plein, tous les enfants du Québec pourront faire des choix, faire ce qu’ils aiment dans la vie et pourront s’épanouir. C’est toute la société qui va y gagner.