Par Thierry Haroun – Un médecin urgentiste à l’hôpital de Gaspé, Mathieu Bernier, se dit inquiet des conséquences pour une région comme la Gaspésie suivant une toute nouvelle directive du ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

En clair, Le Devoir nous révélait récemment que les finissants en médecine de famille ont appris que, pour obtenir le « droit » de travailler à l’hôpital, ils devront en plus prendre des centaines de patients en charge en cabinet.

Le Dr. Mathieu Bernier.
Photo Gracieuseté

La directive de Québec reçue voilà quelques jours par les résidents en médecine de famille, obtenue par le quotidien, stipule que « les nominations de médecins de famille soumises par les établissements seront approuvées à la condition expresse que le médecin […] ait un minimum de 500 patients à son nom ». Faute de quoi les résidents devront aller exercer dans un groupe de médecine de famille exclusivement. Voilà qui inquiète grandement le Dr Mathieu Bernier, que nous avons joint, et qui rappelle qu’un hôpital comme le sien dépend grandement des médecins dépanneurs en provenance des grands centres, entre autres, pour assurer une couverture adéquate à l’urgence. Or, le fait que les finissants doivent prendre autant de patients fera en sorte qu’ils seront beaucoup moins disponibles pour venir pratiquer en région et appuyer leurs collègues dans nos urgences.

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« Dans une région comme la nôtre, nos urgences sont un peu plus dégarnies (sur le plan des médecins) que celles des grands centres. C’est pour ça qu’on a recours à des médecins dépanneurs qui viennent de Montréal ou de Québec pour combler nos gardes. Et présentement, avec cette nouvelle réglementation qui est arrivée comme une surprise d’ailleurs, il sera plus difficile de recruter les finissants qui voudraient venir travailler à l’urgence ou encore aux soins intensifs qui vivent aussi les mêmes problèmes que les urgences. » Le Dr Bernier a tenu à dire que les médecins ont appris la nouvelle le 26 avril « le jour même où elle était mise en vigueur…»

Représentations à venir

Le Dr Mathieu Bernier croit que son association, soit la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, poursuivra ses pressions auprès du ministre Barrette afin de lui faire entendre raison. « Je n’ai aucun doute que la FMOQ va continuer à faire des représentations sur cette importante question. J’ai parlé à son président, le Dr Louis Godin,  qui semblait dire qu’il va falloir qu’il y ait forcément des dérogations parce qu’on va se retrouver avec des situations illogiques et aberrantes dans des régions comme la nôtre », craint-il