Retour du ciné-parc à Chandler; une activité presque éteinte au Québec

Les cinéphiles viennent d’un peu partout en Gaspésie pour profiter de cette activité presque disparue au Québec.

Crédit photo : Photo Gracieuseté Charles Méthot

Dites le mot « ciné-parc » à quelqu’un de votre entourage et 9 fois 10, il aura pour vous plusieurs souvenirs à vous raconter, avec plus souvent qu’autrement quelques anecdotes en bonus.

Que ce soit pour un beau-frère dans le coffre arrière, des histoires de premier rendez-vous avec un permis de conduire fraîchement obtenu ou tout simplement une tradition familiale estivale, à peu près tout le monde à une histoire rattachée à un ciné-parc. Sauf qu’à Grande-Rivière, les souvenirs des prochaines années sont présentement en train de s’écrire. C’est que Rodrigue Huard a décidé de rouvrir le Paradiso au début de l’été, après que ce lieu mythique eut été fermé en 2012.

Il faut dire que le projet est pour le moins particulier alors qu’on peut pratiquement compter sur les doigts d’une main les ciné-parcs toujours ouverts. Selon le site web Ciné-parcs Québec, qui tient à jour les activités entourant ce passe-temps d’une autre époque, il n’y en aurait plus que 6 à travers la Belle Province – 7 si l’on compte le ciné-parc itinérant du Caroussel qui se promène au Bas-Saint-Laurent avec un écran gonflable.

Pas surprenant que les touristes arrivent de partout pour revivre cette expérience hors du commun et que d’autres font le trajet de loin spécialement pour en profiter. Depuis quelques semaines, la provenance des véhicules est notée et des voitures d’Amqui, Gaspé, Matane, New Richmond et Paspébiac ont notamment été enregistrées, sans compter les touristes qui font le tour de la Gaspésie. « Souvent, les gens qui partent de la ville et viennent dans le coin se gardent une soirée au calendrier pour venir découvrir ça en famille, explique Rodrigue Huard. Avec l’arrivée de Nova Lumina il y a maintenant trois ans, certains disaient aussi que ça allait s’essouffler. Sauf que non. On voit que les gens veulent des activités extérieures en famille qui les réunissent et le ciné-parc remplit en plein ce mandat-là. »

Près de 100 000$

Depuis le début du mois de juin, les films familiaux et d’action s’alternent sur le large écran qui fait environ 60 pieds de large par 48 pieds de haut. Les investissements ont cependant été proportionnels à la grosseur de l’écran et tout près de 100 000$ auront été investis pour essentiellement mettre la main sur un projecteur laser usagé qui avait été utilisé comme démo et qui n’avait à toute fin pratique jamais servi. Si Rodrigue Huard envisageait initialement rouvrir le ciné-parc en 2020, il ne pouvait pas laisser passer cette aubaine et a dès lors mis son projet à exécution. Et tant qu’à investir, tout a été changé pour offrir une expérience optimale, comme l’explique son technicien Charles Méthot qui était déjà dans le domaine en 2000 alors que Louis Roy était encore propriétaire du ciné-parc.

« De ce qu’on s’est fait dire, on a actuellement le ciné-parc au laser le plus puissant au Canada […] On a aussi changé le son, on a changé l’antenne, on a tout changé au complet. On a décollé en neuf et on a rien gardé de la partie projection qui était là avant. Si vous venez au ciné-parc, vous allez vraiment avoir une belle expérience, ça va être nouveau et je pense qu’on ne s’est pas trompé! », analyse-t-il. La cantine est d’ailleurs toujours sur place pour ceux qui aiment bien grignoter pendant la projection.

Facteur de rétention

Si lors des petites soirées en début de semaine en moyenne une trentaine de voitures profitent du long-métrage, il n’est pas rare d’en voir 150 pendant la fin de semaine, parfois plus, comme quoi la popularité est encore au rendez-vous malgré que l’âge d’or des ciné-parcs soit révolu.

Rodrigue Huard et Charles Méthot se réjouissent d’ailleurs que l’arrivée du ciné-parc soit un facteur de rétention supplémentaire afin que les touristes ne passant pas en coup de vent dans la MRC. « C’est plaisant de faire partie de l’offre touristique du coin. C’est quand même quelque chose d’unique alors on s’inclut là-dedans, lancent-ils en chœur.  Ça fait partie des activités à redécouvrir qui font en sorte que les gens s’arrêtent ici et qu’au final passent davantage de temps dans le coin. En plus, les gens sont au rendez-vous. On a des méchantes belles soirées et c’est trippant de voir que le monde est là! »

Pour la période estivale, les projections sont présentées du mercredi au dimanche et elles seront réduites du vendredi au dimanche après la fête du Travail, histoire que tous puissent profiter de cette infrastructure unique dans l’Est du Québec. L’horaire des représentations est disponible sur la page Facebook du Cinéma Paradiso de Chandler.

Rodrigue Huard et le premier propriétaire du ciné-parc, Louis Roy.