MONTRÉAL. Le policier retraité du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Marc Brisebois se souvient d’avoir toujours été reconnaissant pour toute information concernant les armes à feu qui apparaissait à son écran lorsqu’il devait aller patrouiller ou intervenir dans une résidence. D’autres policiers sont toutefois d’un tout autre avis.

M. Brisebois, qui a pris sa retraite en 2006 après 30 ans de carrière, a affirmé que ces renseignements permettaient de prendre des décisions plus rapidement, et que ses collègues et lui-même étaient heureux de les avoir.

Vingt et un ans après la création du registre fédéral des armes à feu, qui a été aboli en 2012 par l’ancien gouvernement conservateur, le Québec travaille à mettre sur pied sa propre base de données sur les armes sans restrictions.

Alors que les commentaires de Marc Brisebois reflètent le discours officiel des corps de police et des syndicats de partout au Canada, et plus particulièrement en sol québécois, ce ne sont pas tous les policiers, en service ou à la retraite, qui sont d’accord avec lui.

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Certains agents retraités d’ailleurs au pays déconseillent au Québec de créer un registre, soutenant que ce projet est un gaspillage d’argent et ne servira qu’à aider les citoyens à se sentir plus en sécurité.

John, qui n’a pas voulu dévoiler son nom de famille, a pris sa retraite du SPVM en 2007 après une trentaine d’années de service, dont plusieurs passées à patrouiller dans le centre-ville de Montréal. Il a confié être abasourdi par les millions de dollars dépensés pour le registre fédéral qui, selon lui, a donné peu de résultats.

Lorsque les libéraux avaient présenté le registre en 1995, ils avaient déclaré que sa création coûterait environ 110 millions $. La facture a plutôt gonflé pour atteindre des centaines de millions de dollars avant que les conservateurs ne suppriment la base de données en 2012.

Le Québec a annoncé que la mise sur pied de son propre registre nécessiterait 17 millions $, plus 5 millions $ par année pour en assurer le fonctionnement. Le controversé projet a alimenté des rumeurs de dissension de la part de tous les grands partis politiques.

John a fait valoir que les policiers intelligents ne se fiaient jamais aux données sur les armes à feu lorsqu’ils intervenaient parce que, même si les suspects n’avaient pas d’arme à feu enregistrée, il était toujours possible que quelqu’un d’autre sur les lieux soit armé.

«Si l’écran dit qu’il n’y a pas d’arme enregistrée dans cette maison, allez-vous mettre vos mains dans vos poches et votre cerveau au neutre?, a-t-il demandé. C’est dans ces moments-là que vous risquez de recevoir une balle. Il faut procéder à chaque intervention comme si les suspects étaient armés.»

La Presse Canadienne