Les ventes de livres sont passées de 688 millions de dollars en 2013 à 622 millions en 2014, selon les dernières données publiées par l’Institut de la statistique du Québec. Une chute de 9,5%.

Faut-il s’en inquiéter, à l’ère où la révolution numérique a bouleversé bien des écosystèmes, dont celui de la musique? Pour l’instant, il faut dire que le livre numérique n’a toujours pas trouvé une place de choix auprès des lecteurs québécois. Officiellement, les entrepôts et librairies numériques de la province ont vendu seulement 506 000 livres électroniques en 2014, pour une valeur de 7,2 millions de dollars.

Le livre papier demeure un marché dynamique et viable

Sonia Pelletier, librairie Alpha

L’an dernier? Guère mieux, avec 503 000 livres électroniques vendus pour une valeur de 7,4 millions de dollars. C’est à toute fin pratique le calme plat. On estime que le livre numérique ne représente ainsi que 4% du marché. On est donc bien loin de la mutation dans l’univers du livre telle que certains anticipaient.

Publicité – Lire la suite de l’article ci-dessous

Malgré tout, bien qu’il soit encore à ses balbutiements, est-ce que l’avènement du numérique doit inquiéter? Nous avons posé la question.

Un marché encore vivant

Dans toute la Gaspésie, on ne retrouve que trois librairies agréés; à Sainte-Anne-des-Monts, New Richmond et Gaspé. Concrètement, ce privilège permet de vendre des livres aux acheteurs institutionnels assujettis à la loi, comme les bibliothèques, les écoles, les ministères et les corporations municipales, qui ont l’obligation réglementaire d’y acheter leurs livres.

En contrepartie, les libraires doivent remplir certaines conditions, comme détenir au minimum 6000 titres différents, dont 2000 livres publiés au Québec, ou encore avoir vendu des livres pour au moins 300 000 $ ou 50 % de leur chiffre d’affaires (pour les municipalités de plus de 10 000 habitants).

Si cette mesure peut donner un bon coup de pouce, ce n’est évidemment pas tout et un travail de moine doit être fait au quotidien pour bien servir les lecteurs, un avantage indéniable qu’on ne peut pas retrouver en ligne, malgré tous les blogues, réseaux sociaux et Youtubeurs de ce monde qui alimentent les discussions autour du livre.

« On aime bien que les clients entrent en librairie, parce que la fonction du libraire c’est aussi de donner des conseils. C’est notre force. On peut échanger et partager avec les clients, faire des recommandations et mieux cerner leurs goûts, ce qu’un site Internet ou la vente en ligne ne permet pas », explique Sonia Pelletier, la gérante de la librairie Alpha de Gaspé.

Cette dernière note qu’un certain ralentissement dans le monde du livre papier a été observé localement dans les dernières années, mais que la situation semble s’être stabilisée depuis. La faute du numérique? Il y a là un pas que Mme Pelletier n’ose pas franchir. « On voit qu’une certaine clientèle a migré vers le numérique. Il y a une demande avec ceux qui sont toujours attirés vers les nouvelles technologies. Mais le livre papier demeure un marché dynamique et viable. On y croit évidemment toujours beaucoup comme libraire », explique-t-elle, soulignant que l’arrivée du commerce électronique et des grossistes sur le Web sont d’autres éléments qui peuvent certainement expliquer ce ralentissement du livre papier.

La librairie Alpha n’est cependant pas en reste dans le domaine du numérique, faisant partie des 100 librairies indépendantes du Québec qui se sont regroupées sous la bannière RueDesLibraires.com, une plateforme de vente en ligne qui leur est spécialement dédiée.

Certes, le marché est bien en mutation, mais ce n’est toujours pas la révolution qui a été crainte par plusieurs. Les chiffres semblent d’ailleurs le prouver : ce n’est pas demain la veille qu’on signera l’arrêt de mort de ce bon vieux livre papier.