Bertrand Schepper, chercheur à l’Institut de recherches et d’informations socio-économiques (IRIS), s’est penché sur les mythes et les réalités qui entourent le phénomène de l’achat local afin d’y apporter un nouvel éclairage.

Diplômé en administration des affaires de HEC Montréal, il explique qu’un des problèmes principaux des petits commerces est la difficulté de rivaliser avec les grands joueurs. « Lorsqu’une grande surface arrive dans une région, on voit souvent une baisse de prix de la part de l’ensemble des joueurs afin de rivaliser ensemble, sauf qu’à long terme, les commerces à pouvoir d’achat plus faible vivent des difficultés qui peuvent mener à leur fermeture. »

La collaboration entre les commerces a des effets positifs à long terme

Bertrand Schepper, chercheur à l’IRIS

On pourrait penser que certains petits commerces qui profitent de l’effet de rareté d’un produit en région éloignée ont une bonne santé financière. Toutefois, comme l’explique le chercheur, les coûts de transport élevés viennent souvent gruger le peu de profits des petits commerçants, même si le consommateur paye plus cher pour son produit.

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Cet effet est directement relié à une autre problématique, soit la diversité. « Autant dans une grande surface comme Walmart qu’un petit commerçant, on propose davantage de produits populaires. Le gros joueur agit de cette façon puisque c’est sa source principale de profit tandis que le petit commerçant ne veut pas se retrouver avec un inventaire invendu sur ses tablettes. »

Bertrand Schepper soulève également un point très important sur l’achat local et les effets à long terme. « Lorsque les petits commerces ferment en région, on peut supposer que les ex-entrepreneurs et leurs ex-employés disposent de moins d’argent pour la consommation, ce qui amène la dévitalisation. Il ne faut pas oublier non plus que la distance à parcourir entre une ville comme par exemple Sainte-Anne-des-Monts et le grand centre le plus près a aussi un effet sur le portefeuille. »

Des solutions

Puisque rien n’est tout noir, le chercheur Bertrand Schepper propose quelques pistes de solutions afin de palier l’exode économique vers les grands centres. « Dans certaines régions, on peut voit des citoyens former des coopératives d’achats. Il existe la coop Bonne boîte, bonne bouffe dans la région montréalaise pour l’achat de légumes. Ce n’est toutefois pas un gage de succès puisque ça prend réellement un désir de la communauté. »

Par ailleurs, Bertrand Schepper croit que les commerçants entre eux peuvent également faire le choix de s’entraider plutôt que tenter d’entrer dans une compétition féroce qui pourrait mener éventuellement à des fermetures. « La collaboration entre les commerces a des effets positifs à long terme autant pour l’économie locale que ses citoyens. »