GASPÉSIE – Malgré les risques pour l’environnement, malgré les interdictions sur certains territoires, malgré les nombreuses alternatives, malgré les amendes salées émises par le passé et les critiques, la Société du chemin de fer de la Gaspésie (SCFG) continue à asperger des herbicides chimiques le long de la voie ferrée pour contrôler la végétation envahissante. Et non des moindres, celui de Monsanto, dénonce un groupe écologiste.

Par Thierry Haroun

Les herbicides chimiques sont des substances toxiques pour toute forme de vie. Ils voyagent dans l’environnement et peuvent contaminer l’eau, l’air et le sol.

Margret Grenier

En 2016, la SCFG a fait asperger le Round-Up de Monsanto de Gaspé à Matapédia « inclusivement et partout. Nous étions très inquiets quand nous l’avons appris. Les herbicides chimiques sont des substances toxiques pour toute forme de vie. Ils voyagent dans l’environnement et peuvent contaminer l’eau, l’air et le sol. Vous savez, le glyphosate, l’ingrédient actif du Round-Up, qui a été utilisé l’an dernier est considéré comme cancérigène probable pour l’humain par l’Organisation mondiale de la santé depuis 2015. On sait que bons nombres d’herbicides chimiques sont bannis en Europe et qu’ils sont interdits en forêt publique au Québec depuis 2002», lance Margret Grenier, présidente de la Société de conservation ZICO de la Baie-de-Gaspé (SCZBG).

En 2012, sous la pression de cet organisme, un comité sur les alternatives aux épandages d’herbicides sur la voie ferrée avait été mis sur pied par la SCFG, mais abandonné l’année suivante, déplore-t-elle. C’est que voilà, en 2011 et 2012, l’épandage d’herbicides le long de la voie ferrée avait fait la manchette et induit par la même occasion une crise sans précédent au sein de la SCFG.

On se souviendra que la MRC du Rocher-Percé, où un tel épandage y est interdit depuis 2007, selon la documentation que nous avons pu consulter, avait émis des contraventions à la SCFG totalisant 17 500$. Bref, des moments pénibles pour l’entreprise qui avait été forcée à réfléchir sur son mode opératoire quant au contrôle de la végétation le long du rail. À tel point, qu’elle avait commandé à Activa Environnement une étude sur les alternatives aux herbicides chimiques, dont nous avons obtenu copie.

Le chimique est toujours privilégié

Malgré les avertissements, les amendes et les nombreuses alternatives proposées, tel que le balai mécanique, le fauchage, la vapeur, les herbicides naturelles, l’eau bouillante, les ultraviolets, etc., la SCFG continue de privilégier le chimique au grand dam de Margret Grenier qui craint que la SCFG en épande cette année encore.

C’est la raison pour laquelle elle a récemment envoyé un mémoire à la SCFG qui fait état de l’ensemble de la problématique avec des recommandations. Elle déplore n’avoir reçu aucune réponse de la direction générale de la SCFG. Ainsi, en fouillant ce dossier, nous nous sommes aussi butés à des gens qui visiblement marchaient sur des oeufs tellement l’enjeu semble être encore sensible. À noter que la direction générale de la SCFG s’est refusée à tout commentaire malgré nos demandes d’entrevues répétées tant par courriel que par téléphone.

À savoir si la MRC du Rocher-Percé a émis un constat d’infraction à la SCFG l’an dernier, il nous faudra attendre les résultats de notre demande d’accès à l’information qui est toujours à l’étude. Reste que des membres du conseil d’administration, tout comme d’autres personnes concernées de près par cet enjeu, sont bien au fait de notre enquête. D’ailleurs, selon une source bien informée, la SCFG devrait procéder à de l’épandage cette année. Rappelons enfin qu’il est tout à fait légal et autorisé d’épandre de tels produits sur plusieurs tronçons de la voie ferrée.