Lors d’une entrevue de TC Media avec le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, ce dernier a déclaré qu’il était tout à fait acceptable pour un patient hémodialysé de devoir parcourir 1 200 km par semaine pour recevoir ses traitements.

Dr Barrette, est-ce que les soins à domicile ou une unité mobile d’hémodialyse sont dans vos plans actuellement pour les patients gaspésiens qui doivent faire l’aller-retour Sainte-Anne-des-Monts-Rimouski trois fois par semaine?

L’hémodialyse est adaptée à la condition du patient. Il y a donc des choses faisables et des choses pas faisables. Si un patient est très avancé dans son insuffisance rénale et ses complications, ça ne peut pas se faire à domicile ni sur unité mobile. Et oui c’est vrai que ça peut forcer les patients à changer leurs habitudes et même leur lieu de résidence.

D’accord mais lorsqu’un patient fait dire par un professionnel de la santé qu’on doit recevoir des traitements trois fois par semaine à Rimouski ou bien attendre plus d’un an pour recevoir une formation pour la dialyse à la maison, jugez-vous que ce sont des conditions acceptables?

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Est-ce que la maladie est acceptable? Avoir un diagnostic d’insuffisance rénale vient perturber la vie des gens. En même temps, on ne peut pas donner un service hospitalier adapté dans toutes les maisons du Québec. On doit alors faire la part des choses et utiliser nos ressources de la meilleure façon possible. Ce ne sont pas les professionnels de la santé ni le gouvernement  qui décide des traitements, c’est la maladie.

Je répète la question. 1 200 km par semaine de transport pour recevoir des traitements d’hémodialyse, c’est acceptable pour vous?

Les associations de patients dialysés ont établi avec nous des normes de distance et ce sont approximativement ces distances-là qui ont été convenues. La dialyse entraîne ce genre de choses-là. Il y a une période de transition avant de pouvoir établir si on peut recevoir la dialyse à la maison. One ne choisit pas la maladie, c’est l’œuvre de la fatalité. Quant aux unités mobiles, elles ne fonctionnent pas toujours bien. On fait tout notre possible pour réduire au maximum les inconforts liés à cette maladie mais on ne peut pas les faire disparaitre complètement.

La distance est un problème de gens des régions, n’est-ce pas? Surtout lorsque les patients se font dire par un travailleur social qu’ils n’ont qu’à déménager s’ils veulent éviter la route.

Ils ne font qu’offrir les différentes options aux patients. On ne peut pas reprocher aux gens de Rimouski de proposer tous les scénarios possibles aux patients. La maladie de l’insuffisance rénale peut amener quelqu’un à devoir déménager de toute façon. Lorsqu’un patient est dans un état avancé de la maladie, c’est son choix de voyager ou non avec les risques encourus ou déménager. Et ce n’est pas un problème de régions, c’est la même chose pour des patients de St-Jérôme qui devaient faire une heure et demi dans le trafic pour recevoir leurs traitements à Montréal. Ce n’est pas simple pour les patients. Il y a une période d’acceptation et de refus lorsque le diagnostic tombe et c’est humainement normal. Mais, il faut passer au travers et faire son deuil d’une vie normale.

Que se fait-il concrètement maintenant pour faciliter la vie des patients hémodialysés?

Nos politiques sont toujours pour améliorer la situation des patients. Lorsqu’on voit apparaitre une nouvelle masse critique de patients dans une région donnée, on peut faire des ajustements et on va aller mettre des machines. Mais on ne peut pas en mettre à tous les coins de rues.

Finalement, préconisez-vous l’hémodialyse à la maison malgré le fait qu’on nous dit que le personnel soignant des différents hôpitaux n’a pas toujours envie d’assumer la responsabilité de ces patients?

C’est ce qu’on veut le plus, c’est-à-dire développer l’hémodialyse à la maison. Mais c’est vrai que la formation est complexe et que nous avons des limitations de ce côté-là. Mais il faut d’abord s’assurer que le patient veut s’hémodialyser à la maison et qu’il soit capable de le faire.