Par Thierry Haroun – Si la tendance se maintient, la pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur touristique en Gaspésie pourrait s’accentuer et causer bien des tracas pour les acteurs intéressés. Un enjeu que prend très au sérieux Tourisme Gaspésie.

« La pénurie de main-d’oeuvre menace l’industrie touristique ». Tel est le titre qui coiffait un texte paru récemment dans Le Soleil qui reprenait l’essentiel d’une nouvelle étude réalisée par le Conference Board du Canada selon laquelle « le bassin de travailleurs disponibles ne sera pas en mesure de suivre la cadence de la croissance continue de la demande de main-d’oeuvre », dans ce secteur au pays. Ainsi, la hausse potentielle de dépenses dans le secteur touristique pourrait atteindre 287 milliards $ d’ici 2035. Et pour suivre cette cadence, une hausse de 41 % du nombre d’emplois sera requise. Et en raison du manque de travailleurs, pas moins de 240 000 postes dans le secteur du tourisme pourraient demeurer vacants d’ici 2035, dont 50 000 au Québec. Toujours selon l’étude, dans l’industrie de la restauration, il pourrait y avoir 102 257 postes à pourvoir au cours des 20 prochaines années, dont près de 19 000 cuisiniers.

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Qu’est-il en Gaspésie? Est-ce que ces résultats nous concernent? Et si tel est le cas, est-ce que des solutions sont à l’horizon? Voilà autant de questions que nous avons soumises à Pascale Charest directrice du Créneau récréotouristique et responsable de la formation chez Tourisme Gaspésie. En clair, ces chiffes ne l’ont guère étonné. D’autant qu’en Gaspésie la pénurie de main-d’oeuvre dans cette industrie est de notoriété publique notamment dans le secteur de la cuisine. « En effet, la pénurie de main-d’oeuvre est assez complexe, principalement en ce qui a trait aux cuisiniers et aux aides cuisiniers. Je ne vous dirais pas que cette pénurie va jusqu’à forcer la fermeture définitive d’un restaurant. Mais les conséquences se font sentir sur des menus moins élaborés sur le plan gastronomique, par exemple. Ou encore, des restaurants se voient forcés de fermer plus tôt en saison touristique. »

Enjeu de taille

Cet enjeu a déjà été abordé en 2011 dans le cadre d’un colloque tenu par le Créneau récréotouristique.  L’année suivante, c’était Tourisme Gaspésie qui tenait un colloque portant sur le défi de la main-d’oeuvre. Reste que, elle admet qu’une étude sur l’ensemble de cette question serait pertinente afin d’avoir un portrait clair de sorte à bien s’outiller et faire face à la pénurie de main-d’oeuvre qui pourrait s’accentuer à la lumière du vieillissement accéléré de la population de notre région. «Je vous avouerais que c’est un peu notre crainte car le tiers de la main-d’oeuvre en tourisme est constitué d’étudiants et un tiers de personnes âgées de plus de 50 ans. Et il ne faut pas oublier qu’en Gaspésie, les 55 ans et plus vont constituer plus de 50% de la population. Vous comprenez donc que c’est un enjeu pour nous et sur lequel nous allons nous attarder de plus en plus tant sur le plan de rétention que du recrutement de la main-d’oeuvre», souligne Mme Charest.