L’année 2016 marque les 250 ans de vie, de pêche et de commerce sur le Banc de pêche de Paspébiac, un complexe industriel de pêche à la morue aménagé du XVIIIe (1766) au XXe siècle grâce au Jersiais Charles Robin.

C’est dimanche sur le site même que plusieurs citoyens, amateurs d’histoire, descendants des Îles anglo-normandes et membres l’Association Gaspé-Jersey-Guernesey ont assisté à la cérémonie de levée du drapeau jersiais.

Mais 2016 marque aussi le 35e anniversaire de sa « résurrection ». Le site que l’on connait aujourd’hui est né en 1981 sur les cendres et bâtiments en décrépitudes.

« Après le feu de 1964, les bâtiments ont été laissés à l’abandon, raconte Fernand Alain, président du site. Entre 1964 et 1981, ici c’était la désolation. Mais au début des années 80, un groupe de jeunes et de moins jeunes ont décidé de faire quelque chose pour ces bâtiments. Ces gens-là ont travaillé, ils ont rencontré la population pour leur dire que c’étaient leurs parents et leurs grands-parents qui avaient construit ces bâtiments-là. C’est comme ça que nous avons réussi à avoir un sentiment d’appartenance. »

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Un peu d’histoire.

Trois ans après le Traité de Paris, en 1766, Charles Robin, un commerçant jersiais dans le secteur des pêcheries aux Îles anglo-normandes (à l’ouest de la Bretagne), est arrivé à Paspébiac pour faire du repérage. « Ici à Paspébiac, il avait un port en eau profonde, une plage de galets et un bon vent sur la pointe ce qui permettait de bien sécher la morue », explique Fernand Alain.

Il ajoute qu’à cette époque « la morue valait de l’or ». Pourquoi ? Parce que la morue salée séchée se conservait très longtemps et beaucoup mieux que la viande.

« Il y avait un très gros marché à cette époque en Europe, une Europe très catholique où on comptait 166 jours de jeûne dans une année… C’était un marché très intéressant pour Charles Robin. Il est revenu en 1767, il a établi des contacts avec les Acadiens de Bonaventure. En plus, Robin parlait français, donc beaucoup plus facile pour lui pour faire du commerce », ajoute M. Alain.

Charles Robin passe un premier hiver à Paspébiac, en 1770, pour une bonne raison; il sera le premier à être sur place pour acheter le poisson des pêcheurs gaspésiens au printemps. Pendant plus de deux siècles, lui et ses successeurs allaient dominer la pêche à la morue et le commerce en Gaspésie et dans une grande partie du Golfe du St-Laurent.

Mais Charles Robin ne l’a pas eu facile : entre 1780 et 1790, les corsaires américains ont volé ou encore détruit ses installations, par exemple. Après, il y a eu la faillite des banques jersiaises. En 1886, il y a eu la famine à Paspébiac et les grands feux en 1964.

Au cours de la saison estivale, plusieurs activités marqueront ce 250e et ce 35e anniversaire dans la vie de ce site unique dans les Amériques. Ces activités sont : le 17 juillet souper d’antan 250e anniversaire; le 24 juillet, assemblée annuelle de l’Association Gaspé-Jersey-Guernesey, le 28 juillet, causerie de Fernand Alain portant sur « Charles Robin, bâtisseur d’un empire » et le 12 août une autre causerie, celle de Michel Goudreau portera sur « Le site du banc, une architecture authentique ».