Sur les 23 postes de pharmaciens dans l’ensemble des établissements de santé de la Gaspésie, seulement 16 d’entre eux sont comblés. Près d’un poste sur trois (30%) n’a donc pas trouvé preneur.

Déjà que ce nombre est parmi les plus élevés au Québec, il faut également ajouter le problème de la relève qui n’est pas du tout assuré. Actuellement, seul l’hôpital de Sainte-Anne-des-Monts fonctionne à plein régime avec ses trois pharmaciens. On se rappellera que ce ne fût pas toujours le cas alors qu’en 2012, l’hôpital avait connu une rupture complète de services. Et une pénurie de personnel signifie un recours à la main-d’œuvre indépendante à fort prix.

Il faut aussi augmenter les places en maîtrise [et] valoriser la profession

L’Association des pharmaciens des établissements de santé

C’est dans cette optique que le président de l’Association des pharmaciens des établissements de santé (APES), François Paradis, ainsi que la directrice générale, Linda Vaillant, sont actuellement en tournée gaspésienne afin de parler de relève, de conditions de travail et de valorisation de la profession.

Bien que pour encourager les pharmaciens à faire carrière en milieu hospitalier, des primes au salaire et des primes à l’établissement soient en vigueur, la situation demeure précaire.

« Si nous voulons de la relève dans ce domaine, il serait bien que les primes soient incluses dans le salaire afin d’éviter que le gouvernement puisse les couper à tout moment. Il faut aussi augmenter les places en maîtrise. Nous suggérons qu’ils passent de 70 à 82. Finalement, il faut valoriser la profession. Mais pour ce faire, il faut qu’elle soit attrayante et le côté financier joue pour beaucoup » expliquent conjoitement M Paradis et Mme Vaillant.

On estime que la pénurie est généralisée au Québec depuis une quinzaine d’années et que les retards au niveau du rattrapage salarial avec les pharmaciens communautaires n’ont pas aidé la situation.

 

Le président de l’APES, François Paradis, et la directrice générale, Linda Vaillant.
Photo TC Media – Dominique Fortier

Démystifier la profession

Le travail du pharmacien dans un hôpital est bien différent de celui qui travaille dans son propre commerce, à commencer par sa formation. Les pharmaciens désirant travailler dans un établissement de santé au Québec doivent obtenir une maîtrise qui demande une année et demi d’études supplémentaires. De plus, leurs responsabilités sont bien différentes dans la mesure où ils sont régulièrement appelés à jouer un rôle de consultant auprès du médecin. Ils doivent également bien connaître la nature des médicaments, gérer les ordonnances, valider les doses et jouer un rôle de gestionnaire pharmaco-économique.

« En région, les pharmaciens en établissement de santé se retrouvent au sein de petites équipes. Ils doivent donc être très polyvalents et spécialisés en même temps. Ils sont appelés à travailler sur une multitude de cas différents. Et les médecins qui oeuvrent dans ces petits établissements ne sont pas nécessairement des spécialistes de chaque problématique de santé », expliquent les deux représentants de l’APES.

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Pour les pharmaciens d’établissements de santé en région, on peut également ajouter un certain isolement professionnel et souvent, un déracinement du milieu de vie. En contrepartie, il existe une proximité avec les équipes de travail et le pharmacien est aussi appelé à intervenir sur des cas très variés.

Jusqu’à maintenant, les représentants de l’APES ont recueilli de nombreux témoignages de pharmaciens visités dans le cadre de leur tournée provinciale. Les principales préoccupations se situent au niveau de la relève, des éventuelles suppressions de postes et la difficulté à accéder à des formations.

François Paradis et Linda Vaillant souhaitent que le ministère de la Santé prenne ces préoccupations au sérieux et que le rôle de pharmacien en établissement de santé soit davantage mis en valeur, notamment en leur offrant des conditions de travail intéressantes. « C’est la seule façon de stimuler une relève », concluent-ils.