Québec mise plus que jamais sur les carrefours jeunesse-emploi pour convaincre les jeunes de renoncer à l’aide sociale.

Le gouvernement ne se fixe cependant aucun objectif précis et chiffré de réduction du nombre de jeunes prestataires à atteindre au cours des prochaines années.

Le mandat de 80 carrefours jeunesse-emploi sera réorienté pour donner la priorité aux jeunes assistés sociaux âgés de 16 à 35 ans, à qui on proposera diverses mesures de recherche d’emploi ou de retour aux études. Les premiers visés seront plus particulièrement ceux qui formulent une demande d’aide sociale pour la première fois.

Ceux qui résisteront et refuseront de s’inscrire dans une démarche d’emploi ou de retour en classe subiront des pénalités financières, a indiqué lundi le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, en conférence de presse. Les autres auront droit à des allocations supplémentaires. Il n’a pas voulu fixer les montants en cause. Dans le passé, le gouvernement avait laissé entendre que les pénalités pourraient atteindre 250 $ par mois.

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«Il y aura à la fois des allocations positives, donc des suppléments (à la prestation de base), et il pourrait y avoir des pénalités», a convenu le ministre, ajoutant qu’il n’avait pas fixé «d’objectif gouvernemental» de réduction du nombre de jeunes prestataires.

À cette fin, le ministre a annoncé la conclusion d’une entente avec les carrefours jeunesse-emploi, qui recevront près de 46 millions $ par an, au cours des trois prochaines années, pour prendre davantage en charge les jeunes prestataires de l’aide sociale et les convaincre d’envisager d’autres options. Le montant équivaut à ce que recevaient déjà ces organismes. Une différence: ils obtiennent l’assurance d’un financement stable au cours des trois prochaines années.

Le gouvernement reçoit chaque année environ 17 000 nouvelles demandes d’aide sociale, dont 11 000 sont formulées par des jeunes de moins de 35 ans.

Il y a «une sur-représentation des jeunes à l’aide sociale», a déploré le ministre Blais.

Le président du Réseau des carrefours-jeunesse du Québec, Serge Duclos, a dit que l’entente permettra à ces organismes communautaires de rencontrer et aider davantage de jeunes «à réaliser leur projet de vie».

«Comment on va faire tout ça si on ne met pas plus d’argent?», s’est interrogée la députée solidaire Françoise David, lors de l’étude des crédits budgétaires 2016-2017 du ministère.

Le ministre Blais a tenté de se faire rassurant en disant que le but de l’opération n’était pas «de faire des économies».

Il s’est prononcé contre le «workfare», c’est-à-dire le travail forcé non rémunéré, «une forme d’aliénation inacceptable», selon lui.

Le ministre a dit qu’il fallait «rééquilibrer» le controversé projet de loi 70, présenté par son prédécesseur, Sam Hamad. Il a réaffirmé que personne ne serait «obligé de déménager pour occuper un emploi» disponible dans une autre région, une critique qui avait été formulée envers le projet initial de M. Hamad. (La Presse Canadienne)